Article de Danièle Bonamy
Le pays où il pleuvait dedans-Marie Mélisou-Illustré par Fabrice Mondejar- Editions le Griffon bleu- collection On Ré-agit
Il est des livres telllement forts qu'après les avoir finis, je suis embarrassée pour vous en parler, tellement persuadée que tout ce que j'écrirai ne pourra être, comparé à eux, que d'une affligeante banalité. "Le pays où il pleuvait dedans" en fait partie. Je l'ai lu une première fois et j'y ai renoncé, incapable de retranscrire sur le papier mes émotions et les raisons que j'ai de vous le recommander.
J'ai laissé passer quelques mois et je l'ai lu une deuxième fois. "On- Ré-agit" est le nom de la collection alors, réagissons. (vous voyez que je n'ai même pas d'hésitation à faire un facile jeu de mots).
Ce livre est l'histoire d'une famille: cinq enfants et leurs parents.L'auteure choisit trois d'entre eux.
l'aîné, Eric,17 ans absent-présent: parti, la drogue emplit sa vie, présent dans la pensée de tous.
la plus jeune, Eliane, gravement malade
Eva, 13 ans, qui rentre dans l'adolescence et que tout horripile et particulièrement une de ses soeurs, Emmanuelle, très douée, "Miss prodige à quatre pattes", dont on l'oblige à partager la chambre.
Quant à Etienne, le cinquième, il est plutôt transparent
Le tour de force de l'auteure est de nous fait entrer dans la pensée de chacun. Et dans ces pensées- là,le père est quasi inexsistant comme il l'est dans la vie quotidienne , contraint, par son travail de s'absenter toute la semaine, La mère occupe une grande place, non pas comme une mère idéale mais comme une mère perçue de façon très différente: ennemie par Eric qu'elle a voulu empêcher de sombrer
énervante et même dévalorisante par Eva
rassurante et aimante par Eliane
Pilier de cette famille, épuisée, elle fait face telle une "mère courage", sans jamais abandonner. En cela, elle est, à elle seule, toutes les mères sur terre, d'aujourd'hui et d'hier.
Chapitre après chapitre, les émotions diverses nous étreignent, malheurs et petits bonheurs. "C'est comme cela la vie " nous a dit un jour un de nos petits-enfants et en nous immergeant dans les vies de ses personnages, Marie Mélisou, nous le dit aussi.
"Avec les chagrins des autres, on apprend à gérer les siens"a-t-elle écrit dans une dédicace adressée à M. treize ans.